1980 - Testbank
An | 1980 |
Navire | Testbank |
Lieu | Estuaire du Mississipi, USA |
Type de cargo | En colis |
Produits chimiques | BROMURE D'HYDROGENE , PENTACHLOROPHENOL |
Résumé
Le 22 juillet, à approximativement 8h45 du soir, le porte-conteneurs sortant M/V Testbank, immatriculé en Allemagne, et le vraquier entrant M/V Sea Daniel, immatriculé au Panama, sont entrés en collision, probablement à la suite d'une fausse manoeuvre du timonier du Sea Daniel. Cet abordage intervenait dans le golfe à l'embouchure du Mississippi, États-Unis (Figure 1), à trois-quarts de mille de Shell Beach, Louisiane (qui a une population approximativement de 2 000 habitants). Le côté bâbord de l'étrave du Sea Daniel a ratissé le haut de la muraille bâbord du Testbank. Quatre conteneurs ont été précipités dans un chenal de 11 mètres de profondeur et quatre autres ont été sérieusement endommagés à bord.
Alors que le Testbank allait ancrer ½ mille au large du lieu de l'abordage, un léger brouillard blanc, dégageant une mauvaise odeur d'oignon pourri, enveloppa le navire.
Le Sea Daniel a immédiatement jeté l'ancre à proximité du lieu de l'abordage. Les avaries subies par sa coque étaient minimes mais il commençait à émettre de fortes vapeurs. Le capitaine du navire demanda la permission de reprendre sa route vers le terminal de vrac de la Nouvelle Orléans. Etant donné que le rapport du navire indiquait "pas de victimes, pas de pollution et avaries mineures", le capitaine du port accorda l'autorisation d'entrée. Mais en cette occasion il n'avait pas été informé qu'une partie de la cargaison du Testbank, dont 15 sacs endommagés de pentachlorophénol, était tombée sur la plage avant du Sea Daniel.
Après l'abordage, une inspection de la cargaison avariée du Testbank révéla que quatre conteneurs avaient été perdus en mer. Bien que d'autres marchandises dangereuses aient été perdues ou endommagées à bord, comme par exemple, de la résine de vinyle, de l'huile de graissage, du mercaptan éthylique, les plus graves inquiétudes concernaient les 18 tonnes de pentachlorophénol chargés dans les conteneurs, en sacs de 23 kg, ainsi que des fûts en acier de bromure d'hydrogène en solution (acide bromhydrique).
narratif
Le 22 juillet, à approximativement 8h45 du soir, le porte-conteneurs sortant M/V Testbank, immatriculé en Allemagne, et le vraquier entrant M/V Sea Daniel, immatriculé au Panama, sont entrés en collision, probablement à la suite d'une fausse manoeuvre du timonier du Sea Daniel. Cet abordage intervenait dans le golfe à l'embouchure du Mississippi, États-Unis (Figure 1), à trois-quarts de mille de Shell Beach, Louisiane (qui a une population approximativement de 2 000 habitants). Le côté bâbord de l'étrave du Sea Daniel a ratissé le haut de la muraille bâbord du Testbank. Quatre conteneurs ont été précipités dans un chenal de 11 mètres de profondeur et quatre autres ont été sérieusement endommagés à bord.
Alors que le Testbank allait ancrer ½ mille au large du lieu de l'abordage, un léger brouillard blanc, dégageant une mauvaise odeur d'oignon pourri, enveloppa le navire.
Le Sea Daniel a immédiatement jeté l'ancre à proximité du lieu de l'abordage. Les avaries subies par sa coque étaient minimes mais il commençait à émettre de fortes vapeurs. Le capitaine du navire demanda la permission de reprendre sa route vers le terminal de vrac de la Nouvelle Orléans. Etant donné que le rapport du navire indiquait "pas de victimes, pas de pollution et avaries mineures", le capitaine du port accorda l'autorisation d'entrée. Mais en cette occasion il n'avait pas été informé qu'une partie de la cargaison du Testbank, dont 15 sacs endommagés de pentachlorophénol, était tombée sur la plage avant du Sea Daniel.
Après l'abordage, une inspection de la cargaison avariée du Testbank révéla que quatre conteneurs avaient été perdus en mer. Bien que d'autres marchandises dangereuses aient été perdues ou endommagées à bord, comme par exemple, de la résine de vinyle, de l'huile de graissage, du mercaptan éthylique, les plus graves inquiétudes concernaient les 18 tonnes de pentachlorophénol chargés dans les conteneurs, en sacs de 23 kg, ainsi que des fûts en acier de bromure d'hydrogène en solution (acide bromhydrique).
Reprendre
Peu après l'abordage, lorsque le léger brouillard de bromure d'hydrogène a enveloppé le Testbank, l'équipage avait mis en marche le système de ventilation du navire et avait pris refuge sous le pont. Une première tentative de l'équipage, muni d'appareils respiratoires autonomes, pour inspecter le dommage du haut de la muraille, a échoué à cause du mauvais éclairage et du brouillard chimique. Les vents dominants poussaient le brouillard blanc vers l'amont du chenal et dans le village de Shell Beach. Les citoyens alarmés se sont plaints de l'odeur et le shérif a commencé une évacuation qui, finalement, a abouti au déplacement de 76 résidents.
Après avoir inspecté le navire, on a fixé les priorités suivantes:
- envoi de matériel lourd (barges derricks et barges porteuses de déblais) pour stabiliser la pontée du Testbank;
- analyser l'eau pour savoir si elle ne présentait pas de danger pour les plongeurs;
- repérer et relever tout pentachlorophénol qui serait tombé à l'eau;
- récupérer tous les conteneurs qui étaient dans l'eau;
- évacuer les conteneurs endommagés du Testbank.
Le 23 juillet, le lieu de la collision a été inspecté par hélicoptère montrant que la cargaison dangereuse était soit dispersée sur le pont soit le long des berges du chenal. On a tiré les conclusions suivantes:
- les fuites d'acide bromhydrique et de mercaptan éthylique semblaient avoir cessé et une autre inspection était prévue pour le confirmer;
- un conteneur de 20 pieds de pentachlorophénol était porté manquant et présumé tombé à la mer;
- de nombreux sacs de résine de vinyle, qui étaient chargés dans les conteneurs endommagés, étaient éparpillés sur le fond; la résine de vinyle est un composé neutre;
- un conteneur à usage général et un conteneur-citerne d'huile de graissage étaient visibles dans l'eau; le conteneur d'huile de graissage fuyait; un autre conteneur de 40 pieds, de marchandises non dangereuses, était manquant;
- une quantité inconnue de fûts d'acide bromhydrique étaient dans l'eau.
Le premier jour qui suivit l'abordage, un navire de reconnaissance a commencé à scanner le fond du chenal avec un fathomètre enregistreur. On a effectué plusieurs balayages un mille en amont et en aval du site de l'abordage. Tout objet rencontré à été balisé pour être plus tard examiné par les plongeurs.
Le troisième jour, toutes les dispositions avaient été prises concernant les équipes de plongeurs et les navires de récupération. Après avoir consulté diverses autorités au sujet de la sécurité des plongeurs, il a été décidé que les opérations de plongée seraient sans danger dans la mesure où l'on utiliserait des combinaisons sèches pour éviter que l'eau contaminée ne vienne en contact avec la peau des plongeurs.
Le quatrième jour, on a commencé l'examen des objets balisés, opération qui s'est terminée le cinquième jour.
Le sixième jour, trois navires ont été équipés de fathomètres enregistreurs. De nouveaux objets, détectés par les fathomètres, ont été éliminés par le magnomètre comme étant des objets non métalliques. Alors que le fathomètre devait faire une passe directement au-dessus de l'objet pour le détecter, le magnomètre avait une largeur de balayage variable en fonction de la masse métallique de l'objet perdu.
Le septième jour, un sonar latéral est arrivé et a été mis en uvre sur un des navires, mais il a été perdu lorsque son câble s'est pris dans des débris sur le fond et s'est rompu.
Le huitième jour, un engin de recherche sous-marine, équipé d'un capteur électronique (Chromascope) a été déployé sur le site. Il a été un des éléments de la réussite des efforts de recherche car il fournissait des informations complètes et précises sur les fluctuations de densité du fond. Le huitième jour, le conteneur de PCP a été localisé mais les plongeurs ont constaté qu'il s'était virtuellement aplati, et les sacs papier étaient éparpillés sur le fond marin. Ils étaient dans un état avancé de dégradation, ce qui rendait très difficile de les récupérer intacts.
Après une inspection avec le Chromascope, à l'aide de longs poteaux enfoncés dans le fond et qui dépassaient de la surface de l'eau, on a procédé au quadrillage d'une aire de 24 m sur 33, qui représentait la zone de dispersion des sacs.
Le conteneur a été récupéré mais il était clair que tout son contenu s'était déversé. Une inspection à l'aide du Chromascope a alors été exécutée pour marquer l'emplacement exact des sacs. En utilisant un système de fortune, de drague à l'air comprimé (Figure 2), on a commencé le dixième jour la récupération du pentachlorophénol, mais l'opération a été suspendue pour procéder à quelques ajustements techniques de la drague. Entre-temps, les fûts d'acide bromhydrique avaient été repérés dans l'enceinte quadrillée, récupérés et placés dans des surfûts. Un inventaire mis à jour du Testbank indiquait que seuls trois fûts étaient manquants.
Le onzième jour, la drague à air comprimé a repris son activité et a continué son opération pendant encore neuf jours. Les déblais de dragage étaient temporairement stockés dans des barges. Le quatorzième jour, un système de traitement des eaux portatif a été installé sur les barges pour nettoyer les mélanges contaminés eau-boue. Les mélanges passaient dans une barge pour être traités par floculation et passaient ensuite dans un système de filtration avec charbon activé pour finalement être testés dans un barge d'eau propre. A la fin de l'opération, on avait recouvré approximativement 90% du pentachlorophénol et produit un total de 1 102 tonnes de résidus solides. Ces déchets ont été colisés dans des fûts en carton pour être transportés vers un site d'élimination.
Trois jours plus tard, le Sea Daniel est arrivé au port de la Nouvelle Orléans et une inspection révéla une forte contamination au mercaptan éthylique, à la résine de vinyle, au pentachlorophénol et à l'acide bromhydrique. Les consignataires du navire ont engagé un entrepreneur de nettoyage, mais il a été récusé par les autorités comme n'étant pas
suffisamment qualifié. L'opération de nettoyage a été déclarée "projet fédéral". Il s'agissait essentiellement de balayer et de laver le navire. Un fonctionnaire de la sécurité, ayant une vue globale des opérations de nettoyage, était installé au sommet d'un portique et en surveillait l'exécution.
Tout au long des opérations, un hélicoptère était à disposition pour toute évacuation médicale et on a effectué de nombreux contrôles médicaux. En tout, 240 personnes ont été examinés. Une ambulance, totalement équipée, était stationnée à proximité du poste à quai du Sea Daniel pour le cas où le personnel souffrirait de fatigue due à la chaleur ou d'une exposition chimique.
Pendant les travaux de récupération des produits déversés, on a également procédé à une surveillance de l'environnement. Des modèles de trajectoires sur ordinateurs ont été utilisés pour apprendre à mieux connaître les processus physiques qui contrôlaient le mélange et la dispersion du pentachlorophénol répandu.
Un périmètre de sécurité a été mis en place pour contrôler l'accès à la zone de nettoyage du déversement et par la même occasion assurer le contrôle des mouvements des navires.
Une des tâches les plus difficiles a été les rapports avec les média et le public. La difficulté a encore augmenté du fait des problèmes rencontrés pour repérer le conteneur perdu, qui contenait le pentachlorophénol, ainsi que pour connaître le niveau de danger exact du produit déversé.