1984 - Barge
An | 1984 |
Navire | Barge |
Lieu | Estuaire en Papouasie Nouvelle Guinée |
Type de cargo | En colis |
Produits chimiques | CYANURE DE SODIUM solide , PEROXYDE D'HYDROGENE en solution (8 à 60%) |
Résumé
Le 15 juin 1984, une barge transportant 48 conteneurs de marchandises a chaviré dans l'embouchure de la Fly River, dans la province occidentale de la Papouasie Nouvelle-Guinée. La barge faisait partie d'un train de deux barges en cours de remorquage de Port Moresby à Kuinga, où les marchandises devaient être transportées par la route jusqu'au site de la OK Tedi Mining, à Tabulil, dans la chaîne de la Star Mountain, pour être utilisées dans l'extraction de l'or.
L'accident s'est produit par mer forte, à 14,5 km au nord-est de l'île d'Umuda. Les 48 conteneurs transportaient du ciment, du peroxyde d'hydrogène et du cyanure de sodium. Le cyanure était transporté dans 15 conteneurs, de 180 fûts chacun. Chaque fût contenait 100 kg de cyanure de sodium. Un conteneur s'est ouvert et a libéré ses fûts.
Au contact avec de l'eau ou de l'air humide, le cyanure de sodium peut produire du cyanure d'hydrogène, qui est un gaz toxique et inflammable.
narratif
Le 15 juin 1984, une barge transportant 48 conteneurs de marchandises a chaviré dans l'embouchure de la Fly River, dans la province occidentale de la Papouasie Nouvelle-Guinée. La barge faisait partie d'un train de deux barges en cours de remorquage de Port Moresby à Kuinga, où les marchandises devaient être transportées par la route jusqu'au site de la OK Tedi Mining, à Tabulil, dans la chaîne de la Star Mountain, pour être utilisées dans l'extraction de l'or.
L'accident s'est produit par mer forte, à 14,5 km au nord-est de l'île d'Umuda. Les 48 conteneurs transportaient du ciment, du peroxyde d'hydrogène et du cyanure de sodium. Le cyanure était transporté dans 15 conteneurs, de 180 fûts chacun. Chaque fût contenait 100 kg de cyanure de sodium. Un conteneur s'est ouvert et a libéré ses fûts.
Au contact avec de l'eau ou de l'air humide, le cyanure de sodium peut produire du cyanure d'hydrogène, qui est un gaz toxique et inflammable.
Reprendre
Le National Emergency and Surveillance Co-ordination Centre (Centre national de coordination des mesures d'urgence et de surveillance) a été immédiatement alerté. Le Papua New Guinea Department of Defence (le Ministère de la défense de Papouasie Nouvelle-Guinée) a envoyé une équipe de soixante personnes pour rechercher les fûts qui flottaient dans la zone des mangroves. Tous les navires transportant des cargaisons dangereuses ont été interdits de navigation dans la Fly River. La société minière a mobilisé tout son personnel d'hygiène et de sécurité pour agir immédiatement et, de concert avec la compagnie de navigation, s'est efforcée de sauver les conteneurs perdus et leur contenu. Dans ce but, la société minière et la compagnie de navigation ont contracté une compagnie d'assistance maritime de Fiji pour organiser les opérations de sauvetage. Trois aéronefs à voilure fixe et deux hélicoptères ont pris part aux opérations de recherche. Les hélicoptères ont également atterri dans les villages pour les avertir du danger et pour leur indiquer les précautions à prendre. Un quatrième aéronef à voilure fixe, équipé d'un magnétomètre, patrouillait la zone. Sur les 180 fûts du conteneur qui s'était ouvert, 140 ont pu être récupérés; parmi eux, trois fûts vides dont le contenu s'était échappé. En tout, 14 conteneurs (soit un total de 2 520 fûts) et 40 fûts vides n'ont pas été récupérés; c'est-à-dire que des conteneurs et des fûts avec 256 tonnes de cyanure de sodium ont été perdus. Les opérations de recherche ont continué pendant un certain temps mais ont été ralenties une fois que l'on s'est rendu compte qu'il n'était plus possible de retrouver des fûts. Toutefois, on a maintenu une surveillance hebdomadaire pendant encore un certain temps.
Le déversement a alarmé la population locale qui a refusé de manger le poisson ou de boire l'eau de la rivière. Les écoles dans la région ont été fermées pendant deux mois: on craignait que les écoliers qui empruntaient la rivière pourraient être empoisonnés par les éclaboussures et embruns de l'eau de la rivière ou des accidents mortels, si une embarcation chavirait dans les eaux polluées. Les autorités ont été obligées de réagir aux besoins des villageois et de les approvisionner.
Pour éviter un impact négatif sur le marché international du poisson et de la crevette de Papouasie Nouvelle-Guinée (la région produit environ 4% des prises annuelles), on a décrété une interdiction de pêche à la crevette et à la commercialisation du poisson qui n'aurait pas été pris au filet maillant. Malgré les craintes de voir les acheteurs étrangers imposer une interdiction d'exporter les produits de la mer, cette interdiction n'a pas eu lieu. Les autorités ont estimé qu'environ 2 000 pêcheurs et leurs familles avaient été concernés. Certains d'entre eux ont protesté contre l'interdiction de pêche et la perte de leurs moyens d'existence. Les autorités provinciales ont vigoureusement demandé au gouvernement national le paiement d'une indemnisation.
Les essais en laboratoire, avec de l'eau recueillie à proximité du site de l'accident, ont démontré que le cyanure, dans les conditions similaires à celles qui existent dans la colonne d'eau, aurait une durée de vie d'environ 10 heures. En conséquence, toute quantité de cyanure mélangé à l'eau diminuerait de moitié toutes les dix heures du fait de la dégradation abiotique et biotique. Les scientifiques ont également considéré deux scénarios probables du devenir du cyanure dans le milieu marin: 1) un dégagement rapide; et 2) un dégagement lent. Le dégagement rapide pourrait se produire à la suite d'une rupture soudaine du conteneur et des fûts qui provoquerait une dispersion dans l'eau de tout le chargement de cyanure. Un dégagement lent résulterait de la corrosion d'un conteneur et des fûts avec un mélange lent du cyanure dans l'eau. On a essayé plusieurs modèles
mathématiques et fixé des seuils de toxicité prédéterminés, à la fois pour des effets aigus (mort) et pour des effets chroniques (inhibition du développement des larves). Un modèle informatique a également simulé la circulation et les mouvements de l'eau dans la zone. Les résultats ont démontré que, dans des conditions de dégagement rapide, tout le cyanure du conteneur se serait dispersé en 25 heures, les effets aigus se feraient sentir jusqu'à 8 km du point de dégagement et les effet chroniques jusqu'à 25 km du point de libération. Pour une libération lente, les effets aigus se feraient sentir dans la proximité immédiate du conteneur (dans les 50 à 100 mètres) alors que les effets chroniques se feraient sentir à quelques kilomètres de distance.
Les scientifiques ont conclu que l'impact du cyanure dans l'eau de mer sera probablement passager parce que le cyanure réagit rapidement et forme du thiocyanate, qui n'est pas considéré comme nocif pour le milieu aquatique. Les scientifiques ont conclu que le pire scénario imaginable de dégagement de cyanure d'un fût dans le milieu marin se traduirait par des dommages écologiques qui seraient faibles par rapport aux risques pour la santé de l'homme en cas de rupture d'un fût pris dans un chalut ou échoué sur la côte.
Des études expérimentales récentes ont aussi démontré que le peroxyde, en formule industrielle, pourrait devenir une contre-mesure indiquée dans les cas de destruction de poissons causée par un déversement de cyanure. En théorie, l'addition de peroxyde devrait élever le pH (abaisser l'acidité) de l'eau polluée, forçant le cyanure à se décomposer plus rapidement. L'utilisation du peroxyde sur le terrain demeure expérimentale. Néanmoins, cette méthode a été appliquée lors d'un déversement de cyanure dans la rivière Wey, au Royaume-Uni.