1984 - Dana Optima
An | 1984 |
Navire | Dana Optima |
Lieu | Sur la côte Danoise |
Type de cargo | En colis |
Produits chimiques | DINOSEB |
Résumé
Le 12 janvier 1984, le navire danois M/S Dana Optima a appareillé de North Shields, au Royaume-Uni, à destination de Esbjerg, Danemark. Le navire de 1 599 tpl emportait en pontée 42 conteneurs et des remorques, presque toutes vides. Une remorque transportait 80 fûts du pesticide Dinoseb.
Après son départ du Royaume-Uni, le navire a rencontré une forte tempête et le 13 janvier ses machines principale et auxiliaire sont tombées en panne causant la chute à la mer de 39 conteneurs et remorques de la pontée. Une des remorques contenait 80 fûts de Dinoseb. Pendant la nuit du 13 au 14, le Dana Optima a dérivé entre les diverses installations danoises offshore dans la région, heureusement sans abordage. Pendant la journée du 14 janvier, l'équipage a repris le contrôle du navire qui a poursuivi sa route sans assistance jusqu'à Esbjerg où il est arrivé le 15 janvier. La perte de la cargaison en pontée a été notifiée à la station côtière radio danoise la plus proche mais sans mention des fûts de pesticide. Le 14 janvier, le fonctionnaire de service de la National Agency of Environmental Protection - NAEP (Agence nationale de la protection de l'environnement) a été informé par le Flag Officer Denmark (FOD) que la cargaison perdue ne contenait aucune substance présentant un danger pour le milieu marin.
Toutefois le 16 janvier, le fonctionnaire de la NAEP a été informé par une société privée de Esbjerg que, parmi la cargaison perdue en mer, il y avait un camion-remorque qui transportait 80 fûts, chacun contenant 200 litres de Dinoseb. Ce fait a été immédiatement confirmé par le propriétaire.
Dinoseb est extrêmement toxique pour les organismes marins (de l'ordre du ppb). Ils seront probablement morts avant qu'il n'ait eu le temps de s'accumuler dans leurs tissus en quantité importante. En conséquence, la consommation de poissons contaminés ne présente pas un risque aigu pour l'homme. Cependant, étant donné que le produit est connu pour induire des modifications génétiques et est considéré comme étant cancérigène, ces mêmes effets pourraient être induits chez les personnes qui consommeraient du poisson contaminé. Les études en laboratoire ont également montré que le produit n'est pas facilement biodégradable, sa période biologique étant d'approximativement un an en eau douce.
Au moment de l'accident, le Dinoseb était employé comme herbicide par les fermiers et les jardiniers danois. Son importation, sa vente et son utilisation sont interdites depuis le 1er septembre 1984, suite à une réévaluation des propriétés dangereuses du pesticide.
Le risque d'empoisonnement pour la population locale était considéré comme élevé pour toute personne qui manipulerait le produit sans équipement de protection approprié. Les pêcheurs étaient considérés comme le groupe le plus exposé car ils pouvaient ramener dans leurs filets des fûts qui fuyaient. Dans le même temps, s'ils étaient exposés au produit ils ne disposeraient pas à bord de leur navire de traitement médical immédiat.
A la lumière de l'information concernant la toxicité du produit pour la santé de l'homme, le ministre danois pour l'environnement a prié la NAEP de voir s'il était techniquement possible de localiser et récupérer les fûts. Il a été confirmé que l'opération était possible mais en tenant compte de certaines circonstances, comme par exemple, étouffement des échos par les sédiments du fond et mouvements des fûts qui pourraient compliquer les opérations.
narratif
Le 12 janvier 1984, le navire danois M/S Dana Optima a appareillé de North Shields, au Royaume-Uni, à destination de Esbjerg, Danemark. Le navire de 1 599 tpl emportait en pontée 42 conteneurs et des remorques, presque toutes vides. Une remorque transportait 80 fûts du pesticide Dinoseb.
Après son départ du Royaume-Uni, le navire a rencontré une forte tempête et le 13 janvier ses machines principale et auxiliaire sont tombées en panne causant la chute à la mer de 39 conteneurs et remorques de la pontée. Une des remorques contenait 80 fûts de Dinoseb. Pendant la nuit du 13 au 14, le Dana Optima a dérivé entre les diverses installations danoises offshore dans la région, heureusement sans abordage. Pendant la journée du 14 janvier, l'équipage a repris le contrôle du navire qui a poursuivi sa route sans assistance jusqu'à Esbjerg où il est arrivé le 15 janvier. La perte de la cargaison en pontée a été notifiée à la station côtière radio danoise la plus proche mais sans mention des fûts de pesticide. Le 14 janvier, le fonctionnaire de service de la National Agency of Environmental Protection - NAEP (Agence nationale de la protection de l'environnement) a été informé par le Flag Officer Denmark (FOD) que la cargaison perdue ne contenait aucune substance présentant un danger pour le milieu marin.
Toutefois le 16 janvier, le fonctionnaire de la NAEP a été informé par une société privée de Esbjerg que, parmi la cargaison perdue en mer, il y avait un camion-remorque qui transportait 80 fûts, chacun contenant 200 litres de Dinoseb. Ce fait a été immédiatement confirmé par le propriétaire.
Dinoseb est extrêmement toxique pour les organismes marins (de l'ordre du ppb). Ils seront probablement morts avant qu'il n'ait eu le temps de s'accumuler dans leurs tissus en quantité importante. En conséquence, la consommation de poissons contaminés ne présente pas un risque aigu pour l'homme. Cependant, étant donné que le produit est connu pour induire des modifications génétiques et est considéré comme étant cancérigène, ces mêmes effets pourraient être induits chez les personnes qui consommeraient du poisson contaminé. Les études en laboratoire ont également montré que le produit n'est pas facilement biodégradable, sa période biologique étant d'approximativement un an en eau douce.
Au moment de l'accident, le Dinoseb était employé comme herbicide par les fermiers et les jardiniers danois. Son importation, sa vente et son utilisation sont interdites depuis le 1er septembre 1984, suite à une réévaluation des propriétés dangereuses du pesticide.
Le risque d'empoisonnement pour la population locale était considéré comme élevé pour toute personne qui manipulerait le produit sans équipement de protection approprié. Les pêcheurs étaient considérés comme le groupe le plus exposé car ils pouvaient ramener dans leurs filets des fûts qui fuyaient. Dans le même temps, s'ils étaient exposés au produit ils ne disposeraient pas à bord de leur navire de traitement médical immédiat.
A la lumière de l'information concernant la toxicité du produit pour la santé de l'homme, le ministre danois pour l'environnement a prié la NAEP de voir s'il était techniquement possible de localiser et récupérer les fûts. Il a été confirmé que l'opération était possible mais en tenant compte de certaines circonstances, comme par exemple, étouffement des échos par les sédiments du fond et mouvements des fûts qui pourraient compliquer les opérations.
Reprendre
Dans le contexte des contre-mesures, les actions suivantes ont été entreprises:
1) Un avertissement a été délivré aux navigateurs ainsi qu'aux autorités pertinentes dès le lendemain de la notification à la NAEP de la perte des fûts par la société privée.
2) La NAEP a délivré un avertissement aux pêcheurs au sujet du Dinoseb ainsi que des instructions sur les moyens de protection personnelle lors de la manutention de fûts contenant du Dinoseb. Ces avertissements ont été publiés par l'entremise de l'Association des pêcheurs et l'Association danoise de l'industrie de la pêche.
3) La NAEP a recommandé que les opérations de recherche soient conduites par un navire de lutte contre la pollution par les hydrocarbures, équipé d'un sonar à balayage latéral et d'un matériel de navigation spécial ainsi que d'un véhicule télécommandé muni d'une caméra de télévision. De plus, des plongeurs devraient prendre part aux recherches.
Les armateurs ont informé la NAEP que, selon les informations de l'équipage, les 80 fûts de Dinoseb ont été perdus entre 06h45 et 13h00 le 13 janvier.
La stratégie générale pour la recherche des fûts consistait à établir un quadrillage de la zone à partir du point de chute en mer, puis de procéder à une exploration systématique (Figure 1). Une première et rapide inspection a été exécutée par des sonars à exploration sectorielle, du type de ceux qui sont utilisés par les navires de pêche et les dragueurs de mines de la Marine. Les zones suspectes ont ensuite été soigneusement explorées par des sonars à balayage latéral.
Après avoir fait le relevé de ces zones, tous les objets suspects ont été identifiés et examinés avant le sauvetage par un véhicule submersible commandé à distance (ROV) et équipé d'une caméra de télévision. Etant donné le fait que les instruments de navigation ordinaires ne sont pas suffisamment précis pour effectuer des recherches lorsque les axes de
relèvements sont seulement éloignés de 50 mètres les uns des autres, les navires de recherche ont dû être armés d'un matériel spécial donnant une plus grande précision de navigation. Au cours de cette opération, un système appelé "ARGO", associé à un système appelé "SYLEDIS", a donné les meilleurs résultats mais était plutôt sensible aux changements atmosphériques au lever et au coucher du soleil, ce qui perturbait ses fonctionnalités. On a préféré le système "PULSE/8" qui est moins précis mais s'est révélé être plus robuste (20 mètres de profondeur par rapport à 6 mètres).
La recherche des fûts s'est déroulée en trois phases:
Phase 1: 22 janvier - 3 mars, avec la participation d'un navire dépollueur danois, un navire de pêche danois et quatre dragueurs de mines néerlandais. Aucun fût n'a été retrouvé.
Phase 2: 31 mars - 16 avril, avec la participation d'un navire dépollueur danois, un navire de pêche danois et un dragueur de mines néerlandais.
Cinquante-trois fûts ont été trouvés. Participaient aux opérations de sauvetage, c'est-à-dire aux opérations de récupération, deux bâtiments de la Marine danoise, un navire danois de lutte contre la pollution par les hydrocarbures ainsi qu'un navire de pêche danois.
Phase 3: 26 avril - 7 mai, avec la participation d'un navire dépollueur danois. Aucun fût n'a été retrouvé bien que, le 27 avril, un navire de pêche néerlandais ait repêché un fût.
En plus des 53 fûts sauvés pendant la phase 2 de l'opération, des chalutiers néerlandais ont récupéré 13 fûts de Dinoseb pendant la période allant du 27 au 30 mars et 1 fût le 27 avril. Après l'arrêt officiel des opérations de recherche, 5 fûts supplémentaires ont été récupérés. Ainsi, un total de 72 fûts sur les 80 fûts de Dinoseb perdus ont été récupérés. La Figure 1 illustre une partie de la zone quadrillée et la dispersion des fûts sur le fond marin après leur chute à la mer. Un fait important est apparu après l'accident: la pêche au chalut de fond pratiquée par les pêcheurs pourrait avoir contribué à une plus grande dispersion des fûts reposant sur le fond marin.
Les opérations de sauvetage étaient placées sous le commandement de la Marine Royale Danoise, assistée d'un navire dépollueur danois et d'un navire de pêche danois. Un laboratoire mobile a été installé à bord du navire dépollueur pour repérer tout fût qui pourrait fuir. Deux méthodes de récupération ont été utilisées: des plongeurs et le ROV qui, en plus d'une caméra de télévision et d'un sonar de recherche, avait une benne commandée à distance. Au début, il avait été prévu de récupérer les fûts avec l'aide des plongeurs pendant la journée et d'utiliser le ROV pendant la nuit. Toutefois, cette procédure a été modifiée et le ROV a surtout été utilisé pour localiser les fûts dispersés, car le travail des plongeurs s'est avéré être plus efficace. A la fin des opérations, un total de 34 fûts avait été récupéré par les plongeurs et 19 par le ROV. Les fûts récupérés, qui fuyaient pour la plupart pour avoir été endommagés par les chaluts de fond ou par la pression de l'eau à 40 mètres de profondeur, ont été placés dans des surfûts en acier et transportés vers un site d'élimination.
On a supposé que les fûts qui n'ont pas été retrouvés ont été éparpillés sur une vaste zone du fond marin par le chalutage de fond. Ces fûts constituent toujours un risque potentiel pour les équipages des navires de pêche qui les prendraient dans leurs filets. La libération du Dinoseb dans le milieu marin ne constitue pas, pense-t-on, un risque élevé pour la flore et la faune marines, étant donné la faible solubilité du produit et le fait que les zones affectées sont relativement restreintes.