1979 - Sinbad
An | 1979 |
Navire | Sinbad |
Lieu | Ijmuiden, Pays-Bas |
Type de cargo | En colis |
Produits chimiques | CHLORE |
Résumé
Le 10 décembre 1979, le M/V Sinbad a perdu presque toute sa cargaison en pontée qui comportait 51 bouteilles de chlore, chacune contenant 1 000 kg de chlore, sous une pression de 2 à 6 bars selon la température ambiante. Le lieu de la chute à la mer a été fixé approximativement à environ 20 milles à l'Est de Ijmuijen, Pays-bas, à l'entrée du port d'Amsterdam. La profondeur de l'eau en cet endroit est de 25 à 30 mètres. La présence de ces bouteilles était considérée comme une menace pour les pêcheurs, qui auraient été tentés d'ouvrir les bouteilles qu'ils auraient pris dans leurs filets, ainsi que pour la navigation maritime et l'environnement une fois que les bouteilles seraient corrodées et commenceraient à fuir. Il a été décidé de localiser les bouteilles, de les récupérer et de les remettre à la Akzo Salt Chemical Industries qui s'en chargerait. C'était la seule société aux Pays-Bas capable de tester les bouteilles et de les vider. Les bouteilles perdues était en acier et de type standard, avec des bords en saillie aux deux extrémités. A l'une des extrémités se trouvent une ouverture fermée par une plaque maintenue en place par des boulons. Il y a une soupape qui est protégée par un capuchon (Figure 1). Sur le pourtour de la bouteille, il y a deux bandes de roulage pour la manutention. Les bouteilles sont de couleur jaune, d'un diamètre de 90 cm et approximativement de deux mètres de long. Chaque bouteille a une plaque d'identification avec les détails des épreuves auxquelles elle a été soumise. Pleine, chaque bouteille contient approximativement 820 litres de chlore liquide.
Les premières mesures comportaient une exploration de la zone, divisée en deux aires de recherche de 18,5 km x 1 km, déterminées par la position du navire, sa route, sa vitesse et les conditions océano-météorologiques. En janvier 1980, cinq bouteilles ont été localisées par l'action conjointe de navires appartenant à la Direction de la mer du Nord et à la Marine royale néerlandaise. Les bouteilles ont été attachées à des filins d'acier par les plongeurs et récupérées. Il a fallu s'entendre avec les autorités portuaires sur la procédure de débarquement de ces bouteilles ainsi que pour leur transport jusqu'à une installation spécialisée aux fins d'élimination.
Le Direction de la mer du Nord a essayé d'encourager les pêcheurs à participer à la récupération des bouteilles en offrant une prime pour chaque bouteille ramenée à terre, mais les autres autorités hésitaient à s'associer à une telle initiative. Comme aucune autre bouteille de chlore n'avait été localisée et à cause de longues périodes de mauvais temps et autres engagements, les autorités ont abandonné les opérations de recherche.
Pendant les quatre années suivantes, sept conteneurs ont été pris dans les filets de pêcheurs. Les trois derniers, qui ont été trouvés en août 1984, étaient sévèrement corrodés. Le mauvais état des bouteilles faisait planer une menace pour les pêcheurs et autres gens de mer. Les autorités néerlandaises ont donc envisagé de mettre en uvre une stratégie d'intervention plus élaborée pour faire face à cette situation.
narratif
Le 10 décembre 1979, le M/V Sinbad a perdu presque toute sa cargaison en pontée qui comportait 51 bouteilles de chlore, chacune contenant 1 000 kg de chlore, sous une pression de 2 à 6 bars selon la température ambiante. Le lieu de la chute à la mer a été fixé approximativement à environ 20 milles à l'Est de Ijmuijen, Pays-bas, à l'entrée du port d'Amsterdam. La profondeur de l'eau en cet endroit est de 25 à 30 mètres. La présence de ces bouteilles était considérée comme une menace pour les pêcheurs, qui auraient été tentés d'ouvrir les bouteilles qu'ils auraient pris dans leurs filets, ainsi que pour la navigation maritime et l'environnement une fois que les bouteilles seraient corrodées et commenceraient à fuir. Il a été décidé de localiser les bouteilles, de les récupérer et de les remettre à la Akzo Salt Chemical Industries qui s'en chargerait. C'était la seule société aux Pays-Bas capable de tester les bouteilles et de les vider. Les bouteilles perdues était en acier et de type standard, avec des bords en saillie aux deux extrémités. A l'une des extrémités se trouvent une ouverture fermée par une plaque maintenue en place par des boulons. Il y a une soupape qui est protégée par un capuchon (Figure 1). Sur le pourtour de la bouteille, il y a deux bandes de roulage pour la manutention. Les bouteilles sont de couleur jaune, d'un diamètre de 90 cm et approximativement de deux mètres de long. Chaque bouteille a une plaque d'identification avec les détails des épreuves auxquelles elle a été soumise. Pleine, chaque bouteille contient approximativement 820 litres de chlore liquide.
Les premières mesures comportaient une exploration de la zone, divisée en deux aires de recherche de 18,5 km x 1 km, déterminées par la position du navire, sa route, sa vitesse et les conditions océano-météorologiques. En janvier 1980, cinq bouteilles ont été localisées par l'action conjointe de navires appartenant à la Direction de la mer du Nord et à la Marine royale néerlandaise. Les bouteilles ont été attachées à des filins d'acier par les plongeurs et récupérées. Il a fallu s'entendre avec les autorités portuaires sur la procédure de débarquement de ces bouteilles ainsi que pour leur transport jusqu'à une installation spécialisée aux fins d'élimination.
Le Direction de la mer du Nord a essayé d'encourager les pêcheurs à participer à la récupération des bouteilles en offrant une prime pour chaque bouteille ramenée à terre, mais les autres autorités hésitaient à s'associer à une telle initiative. Comme aucune autre bouteille de chlore n'avait été localisée et à cause de longues périodes de mauvais temps et autres engagements, les autorités ont abandonné les opérations de recherche.
Pendant les quatre années suivantes, sept conteneurs ont été pris dans les filets de pêcheurs. Les trois derniers, qui ont été trouvés en août 1984, étaient sévèrement corrodés. Le mauvais état des bouteilles faisait planer une menace pour les pêcheurs et autres gens de mer. Les autorités néerlandaises ont donc envisagé de mettre en uvre une stratégie d'intervention plus élaborée pour faire face à cette situation.
Reprendre
Après la récupération des bouteilles fortement corrodées en août 1984, on s'est livré à des évaluations pour savoir combien de temps il faudrait probablement pour que les bouteilles encore sur le fond de la mer se mettent à fuir (Figure 3). On a estimé que ces conteneurs résisteraient à la corrosion pendant encore 2,5 ans, après quoi, ils constitueraient une menace importante pour les navires de passage et les embarcations de pêche. A la réflexion, il a été estimé que les risques pour l'environnement étaient d'une importance secondaire car, bien que le chlore réagisse légèrement avec l'eau de mer, il n'est pas persistant, carcinogène ou bioaccumulatif. On a estimé que les personnes qui étaient les plus exposées aux fuites potentielles de chlore étaient: 1) les équipages des embarcations de pêche qui pourraient par inadvertance hisser un de ces conteneurs dans leurs filets; et 2) les équipages et passagers des navires et yachts de passage dans cette zone.
On a procédé à de nouveaux calculs pour estimer le degré de risque existant pour les communautés du littoral. On a considéré que si une bouteille reposant sur le fond commençait à fuir spontanément, elle remonterait à la surface une fois que le tiers de son contenu se serait échappé. Une fois à la surface, le reste du contenu se libérerait et se vaporiserait rapidement . Sur la base de ces calculs, il était clair que, même dans les conditions les plus défavorables, un tel dégagement de chlore ne mettrait pas en danger les communautés de la région.
Etant donné l'état de corrosion avancée des bouteilles trouvées sur le fond marin, Akzo Salt Chemicals conseillait de trouver un moyen de régler le problème en mer. Plusieurs alternatives ont été étudiées et expérimentées, comme par exemple:
- transférer le chlore des bouteilles dans de nouveaux conteneurs à bord du navire d'intervention au moyen de soupapes de raccordement. Cette solution a été rejetée parce que, après quatre années de séjour au fond de la mer, les bouteilles seraient dans un état critique et probablement incapables de supporter le changement de pression hydrostatique extérieure;
- vider les bouteilles via une nouvelle soupape implantée directement dans la paroi du conteneur en appliquant la méthode dite de "mise en perce directe". Outre le fait qu'il n'existait aucune soupape spécialement conçue pour le chlore, cette méthode a été rejetée à cause du risque d'un feu d'oxyde de fer qui aurait consumé une partie de chaque bouteille;
- percer les bouteilles pour que le chlore s'évapore de façon contrôlable. Les calculs ont montré qu'il faudrait plusieurs heures pour qu'une bouteille se vide de son contenu. De plus, une fois que les bouteilles seraient capables de flotter après s'être vidées d'une partie de leur contenu, elles commenceraient à remonter à la surface et il serait alors très difficile de contrôler le dégagement à l'air libre du chlore restant dans les bouteilles. A cause de ces inconvénients, cette méthode a été écartée.
Après avoir considéré tous les risques potentiels, il a été décidé de déployer des efforts supplémentaires pour localiser les bouteilles restantes et de les détruire sur place, sous contrôle, à l'aide d'explosifs.
L'opération comportait les étapes suivantes:
- localiser et inspecter des bouteilles;
- dégager les bouteilles;
- déplacer les bouteilles,
- interdire la navigation dans la zone;
- fixer les charges explosives;
- libérer de l'ammoniac pour rendre le nuage visible;
- procéder à l'explosion contrôlée des bouteilles;
- récupérer les fragments des bouteilles vides.
La localisation des bouteilles s'est heurtée à de nombreux problèmes, comme par exemple:
- incertitude générale quant à la route suivie par le navire lorsque l'accident est arrivé et en quel endroit exactement le long de cette route la cargaison était tombée à la mer;
- périodes de tempête prolongées;
- manque de fonds;
- longues recherches infructueuses;
- la difficulté de déterminer la position exacte des bouteilles récupérées par les pêcheurs étant donné la vastezone couverte par leurs chaluts.
La plupart des bouteilles de chlore étaient presque complètement enfouies dans le sable et devaient donc être dégagées à l'aide de jets d'eau et extirpées au moyen de filins d'acier. Pour des considérations de sécurité, les bouteilles devaient être déplacées d'environ une centaine de mètres par rapport à leur position initiale.
Les effets d'une exposition au chlore dépendent de deux facteurs: 1) la concentration de la substance dans l'air; et 2) la durée de l'exposition. On a fait appel à des modèles sur ordinateur pour calculer les dimensions de la zone à interdire à la navigation pendant les opérations de destruction des bouteilles. Etant donné que la densité du chlore est le triple de celle de l'air, on a utilisé à cette fin un modèle avec un nuage dense. Plusieurs scénarios correspondants aux pires cas ont été préparés sur la base de l'hypothèse d'un dégagement instantané dans diverses conditions de vent. Cela afin d'étudier les mouvements d'un nuage de chlore dans différentes conditions météorologiques.
Sur la base de ces calculs et d'essais ultérieurs sur le terrain pour confirmer les résultats du modèle, on est arrivé à la conclusion que, pour protéger les navires naviguant sous le vent du point de détonation, il serait nécessaire d'instituer une zone d'exclusion triangulaire d'environ 18 kilomètres de long et d'une largeur maximale de 9 kilomètres. Un aéronef d'intervention serait posté à quelques 20 milles sous le vent pour surveiller cette zone d'exclusion.
Pour s'assurer que la destruction serait instantanée, une charge explosive d'environ 10 kgs Donarit S a été fixée sous la jupe de chaque conteneur du côté de la soupape. Les charges ont été mises en place pendant une période d'eaux calmes alors que le courant dans la zone était à son minimum.
Du haut du pont supérieur arrière du navire d'intervention, on a libéré un flux continu d'ammoniac pour aider à visualiser le nuage de chlore. L'ammoniac a été libéré par le navire de contrôle à une distance d'environ 150 m au vent du lieu de l'explosion pour que le nuage de chlore gazeux soit bien visible.
Bien que le nuage de chlore soit initialement d'une couleur vert-herbe intense, il ne reste visible que pendant environ 25 secondes ou après que le nuage ait parcouru quelque 200 mètres. La présence d'ammoniac modifie la couleur du nuage de chlore gazeux qui passe d'un vert jaunâtre à un jaune blanchâtre à la suite de la formation de chlorure d'ammoniac. Ceci permet à un aéronef de suivre la trajectoire du nuage pendant environ 10 à 20 minutes (Figure 4).
Au moment de l'explosion , il n'y avait aucun trafic dans la zone. La zone était contrôlée, de l'air par un avion à voilure fixe et un hélicoptère, et par d'autres bâtiments de soutien logistique. Le coordinateur sur place, assisté de représentants de l'industrie, a donné le feu vert à l'équipe de plongeurs qui se trouvait à une distance sûre. Trois secondes plus tard, le nuage émergeait de la mer. Peu après son émergence, le nuage tout entier s'est élevé au-dessus du niveau de la mer et a dérivé avec le vent. Il n'y a pas eu de contact visible entre le nuage et la surface de la mer. Grâce au lâcher d'ammoniac, on pouvait suivre le nuage à partir du navire. La figure 5 décrit la séquence des événements depuis la destruction des bouteilles jusqu'à la libération de l'ammoniac.
Quand il fallait détruire tout un groupe de bouteilles, on maintenait un intervalle de cinq minutes entre chaque explosion pour s'assurer qu'aucune n'avait été omise. Pendant toute l'opération, tous les participants avaient des vêtements de protection et un appareil respiratoire autonome.
Pour éviter que, lors de nouvelles opérations de recherche, les bouteilles vides ne soient repérées par le sonar à balayage latéral, on a ramassé les fragments qui restaient sur le fond de la mer. L'avantage supplémentaire de cette collecte est qu'elle permettait de déterminer le degré de corrosion des enveloppes vides.
Après cette opération, huit bouteilles n'avaient toujours pas été retrouvées et, étant donné l'état de corrosion avancée des conteneurs, il était à craindre que le moindre choc ne libère tout leur contenu. Une analyse des risques a montré que:
- les huit bouteilles qui restaient encore sur le fond marin représentaient un risque acceptable pour les navires traversant cette zone compte tenu du fait qu'ils pouvaient minimiser le danger en adoptant une route perpendiculaire à la direction du vent dès qu'ils auraient détecté une odeur de chlore.
- les pêcheurs constituaient le groupe le plus à risque, étant les personnes les plus susceptibles d'être exposées à un dégagement instantané de chlore lorsqu'ils remontent des bouteilles corrodées dans leur filets.